Mounir GRAMI

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vendredi 23 novembre 2012

Le forfait illimité de l'ANC Tunisienne

L'Assemblée Nationale Constituante et le Gouvernement Tunisien ont pour seul objectif la rédaction de la nouvelle constitution et l'organisation de nouvelles élections. Ils n'ont pas pour mandat de diriger le pays indéfiniment!!!


Ni gâteau ni bougie à l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) pour son premier anniversaire. Dans les journaux, les critiques pleuvent. Pour "La Presse de Tunisie": "Que de temps perdu!" et d'ajouter "Absentéisme et rupture de dynamique". Pour "Le Temps de Tunisie", on ignore le fait préférant titrer sur les "manoeuvres dilatoires" de l'actuel gouvernement dominé par les islamistes d'Ennahdha. Dans "Le Quotidien" on met en avant les reproches émis par le Premier Ministre à l'égard des députés, Hamadi Jebali pointant "l'extrême-lenteur dans la rédaction de la Constitution". Après le succès des premières élections libre du 23 octobre 2011, l'ANC s'est réunie le 22 novembre pour la première fois. Le contrat passé avec le peuple tunisien était le suivant: une Constitution dans un an et de nouvelles élections. Ces deux principes fondateurs de la jeune démocratie tunisienne n'ont pas été respectés par les élus. La Constitution souffre de désaccords entre les trois alliés qui gouvernent (CPR de Marzouki, Ennahdha de Ghannouchi et Ettakatol de Ben Jâafar). Depuis la rentrée, après le ramadan, l'absentéisme est devenu une vilaine habitude qui fait que régulièrement le quorum n'est pas atteint pour voter. Par ailleurs, des articles discutés en commission arrivent devant l'Assemblée et sont remis en cause. Ainsi, pour l'article 1, la charia a été à nouveau demander par Ennahdha et l'inscription de la Déclaration des droits de l'homme (ce qui est le cas dans de nombreuses constitutions dans le monde) est refusée par les islamistes. Toutes les heures passées à discuter, argumenter, rédiger des articles de la future Constitution sont ainsi passées par pertes et profits.
Le petit jeu politique l'a emporté sur l'intérêt du peuple. Les salaires que se sont votés les 217 députés élus ont choqués les Tunisiens dont une grande partie vit dans la précarité voire la misère absolue. Voici pour l'anniversaire de l'ANC. L'absence de perspectives pose problème. Personne n'est en mesure de dire quand le texte constitutionnel sera fini. Personne n'est en mesure d'avancer une date pour les prochaines élections. Le Ministre de l'Enseignement supérieur, Moncef Ben Salem, évoquait "2014" pas avant alors que son Premier Ministre insistait pour mai 2013. Désormais, techniquement, il semble impossible d'organiser un scrutin irréprochable avant l'automne 2013. Conséquence de ce coup de mou politique: la jeunesse oscille entre rage et désintérêt à l'égard des représentants de l'Etat. Ce qui inquiète quand à la possible forte abstention. En 2011, un tunisien sur deux n'avait pas voté. Pourtant les bureaux de vote avaient fait le plein. De nombreux électeurs avaient patienté de longues heures avant de pouvoir voter. L'organisme chargé de la mise en place des élections, l'ISIE, avait fort bien travaillé sous la houlette de Kamel Jendoubi. Elle a été dissoute. L'ANC planche en ce moment sur ses prérogatives. Absentéisme oblige, le 20 novembre par exemple, des décisions concernant cette instance n'ont pu être voté. En 2011, Moncef Marzouki avait réclamé trois ans pour que la Constituante puisse être rédiger. Il n'avait pas tort.
L'heure n'est donc pas à la célébration de l'ANC. A part son Président, Moustafa Ben Jâafar, peu se félicite de cette première année. Certains suspectent Ennahdha de jouer la montre afin d'obtenir un referendum sur le texte de la Constitution. Auquel cas, la charia risquerait d'être validé par le peuple. Le parti dirigé par Rached Ghannouchi sait très bien que son réseau de militants peut convaincre une majorité d'électeurs d'adopter la charia. Ennahdha est un parti très organisé, qui maille tout le pays grâce à des sympathisants présents dans toutes les villes, tous les gouvernorats. Ce qui n'est pas le cas des autres partis, Nida Tounès le premier, mené par Beji Caïd Essebsi ancien Ministre de l'Intérieur de Bourguiba, ancien Premier Ministre post Révolution.
Cet état de lieu fait que l'on entend de plus en plus fréquemment des "c'était mieux sous Ben Ali". Une opinion qui vient de la classe aisée et moyenne supérieure. Les pauvres, les sans-rien qui sont les oubliés de tous depuis des décennies - et qui représentent plus d'un tiers de la population - ne prononceront jamais ce genre de slogan. Pour la jeunesse, le duel promis entre le leader islamiste Ghannouchi et celui qu'on surnomme BCE (Beji Caïd Essebsi) ne séduit pas. Ce combat de politiciens âgés ne représente guère ceux qui ont vingt ans et quelques. Ce climat de grande désillusion doit être tempéré par le gain - non négociable - des libertés les plus élémentaires. Outre le volet ANC, le chantier social est de très loin le plus sérieux, le plus grave, le plus révoltant. Sans élan économique, sans réduction du chômage - 18% de la population nationale, près de 50% dans certaines régions -, la Tunisie ne pourra décoller. L'héritage Ben Ali plombe la situation. Et l'absence de visions économiques du gouvernement - qui peine à boucler son budget - obère l'avenir à court terme des habitants. Les Tunisiens ont besoin de signes concrets que cela change depuis le 14 janvier. Pas que dans les discours.

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