Le journaliste français Nadir Dendoune, détenu depuis le 23 janvier en Irak pour des photos non autorisées, a été libéré jeudi sous caution, ont annoncé des sources concordantes. Un diplomate français s’exprimant sous couvert de l’anonymat a indiqué en soirée à l’AFP que le journaliste était «en bonne santé» et que, «normalement, il va partir demain» pour la France. «Nadir Dendoune a été libéré. Il a été remis à l’ambassadeur de France», a déclaré plus tôt à l’AFP Mouayad al-Lami, le directeur du Syndicat des journalistes irakiens. La libération du journaliste, qui possède également les nationalités australienne et algérienne, a été annoncée dans le même temps à Paris par l’organisation de défense de la liberté de la presse, Reporters sans frontières (RSF). «On sait qu’il est sorti de prison dans une voiture blindée, accompagné de l’ambassadeur», selon un porte-parole de RSF.
«Nous l’avons relâché mais nous avons encore à son égard de nombreux doutes», a déclaré un haut responsable de la sécurité irakienne sous couvert de l’anonymat, précisant qu’un traducteur et un homme qui avait hébergé M. Dendoune avaient également été remis en liberté. Les trois hommes ont payé chacun une caution de 10 millions de dinars irakiens (environ 6 440 euros), a-t-il ajouté.
Le ministre des Affaires étrangères irakien Hoshyar Zebari a affirmé pour sa part à l’AFP que son ministère était intervenu en faveur du journaliste étant donné «qu’il n’y avait pas de preuve contre lui». Selon M. Zebari, le nom de M. Dendoune figurait dans la base de données d’un service de sécurité pour s'être porté volontaire en tant que bouclier humain au moment de l’invasion américaine de l’Irak en 2003 qui a renversé Saddam Hussein. Le ministre a précisé que c'était peut-être une des raisons pour laquelle le journaliste avait été gardé en détention. «Mais maintenant je pense que cette affaire est terminée», a-t-il indiqué.
Nadir Dendoune a comparu le 5 février devant un juge d’instruction qui l’avait maintenu en détention. La justice irakienne reproche au journaliste français d’avoir photographié sans autorisation le QG des services de renseignements irakiens, ainsi que des barrages de police et de l’armée. Le journaliste, qui travaillait notamment pour le Monde diplomatique, préparait des reportages en Irak avec un visa de presse délivré par l’ambassade d’Irak à Paris.
Plus d’une cinquantaine de journalistes, parmi lesquels d’anciens otages, avaient signé un appel à la libération du journaliste français arrêté le 23 janvier lancé par l’ONG. Les journalistes et anciens otages en Irak Florence Aubenas et Georges Malbrunot, en Afghanistan Hervé Ghesquière et au Liban Philippe Rochot, figuraient parmi les signataires, de même que l’envoyée spéciale du Figaro Edith Bouvier qui avait été grièvement blessée en Syrie.
En 2009, en plein débat sur l’identité nationale, Nadir Dendoune, journaliste né en France en 1972 de parents algériens, racontait sa difficulté à se sentir tout à fait français, lui qui avait planté un fanion de la Seine-Saint-Denis au sommet de l'Everest. Libération lui avait consacré quatre pages dans LeMag et un reportage photo.
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